Une sécheresse inédite
- oikosreimsneoma
- 6 mars 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 mars 2023
Jamais notre pays n’avait connu autant de jours sans pluie depuis l’année 1959 : les Français se souviendront de février 2023 comme d’un mois particulièrement sec, mais ils devront également faire face aux conséquences de cette sécheresse inédite sur le long terme. Contrairement aux derniers épisodes de sécheresse, c’est tout le territoire français qui est aujourd’hui concerné. Les mesures météorologiques relèvent un manque de pluie d’au moins 75% dans le pays et soulignent que quinze des dix-huit derniers mois ont été déficitaires en eau. Alors que des restrictions sont prévues jusqu’à la fin de l’année pour certains départements, que cela présage-t-il pour l’été 2023 ?
Il existe trois types de sécheresses : agricole, hydrologique et météorologique. La sécheresse agricole est caractérisée par un manque d’eau dans les sols qui nuit à la végétation. La sécheresse hydrologique, quant à elle, est qualifiée par un niveau d’eau anormalement bas pour les lacs, les rivières, les nappes phréatiques et les cours d’eau. Enfin, la sécheresse météorologique (celle à laquelle nous faisons face actuellement) est due à une quantité de pluie nettement inférieure aux normales saisonnières. Chaque année, la pluie apporte 512 milliards de mètre cube d’eau à la France. Si les deux tiers de cette eau s’évaporent, le reste alimente nos eaux en surface ainsi que nos eaux souterraines. Le manque de pluie pendant cet hiver empêche le remplissage de nappes phréatiques (c’est-à-dire nos réserves en eau) qui doit s’opérer à cette période de l’année.
Le déficit en eau représente de nombreux dangers, notamment pour le milieu agricole : si le manque d’eau n’est pas compensé par l’irrigation, les récoltes sont gravement touchées et l’élevage est impacté par l’insuffisance de bétail. Dès le printemps, les risques d’incendies s’accroîtront et les cours d’eau deviendront de plus en plus sec. La biodiversité aquatique est d’ailleurs directement impactée par l’assèchement de ceux-ci : des espèces disparaissent quand d’autres prolifèrent. Il faut aussi noter que le déficit d’eau conduit à des difficultés à procéder au refroidissement de nos centrales nucléaires. Par ailleurs, la sécheresse sans précédent que nous connaissons actuellement peut altérer la qualité de l’eau. Le manque de débit génère une augmentation de la température de l’eau qui diminue la quantité d’oxygène dissoute dans celle-ci : la production d’eau potable est alors mise à mal et les algues prolifèrent, engendrant ainsi une augmentation de rejets de gaz toxiques.
Face à une telle sécheresse, des restrictions d’eau deviennent incontournables. Seulement, ne faudrait-il pas privilégier une démarche d’anticipation à des mesures prises au pied du mur ? C’est en tout cas ce qu’a promu Christophe Béchu, ministre de la transition écologique : « Anticipez ! Prenez les mesures qui permettent dès à présent de faire des économies d’eau. ». La première idée serait de reconcevoir notre utilisation de l’eau. Contrairement à certains de ses voisins européens, comme l’Espagne ou l’Italie, la France a bénéficié pendant longtemps d’un climat tempéré et n’a pas connu de problème majeur concernant son approvisionnement en eau. Ainsi, à l’inverse des deux autres pays méditerranéens cités, la France n’a jamais eu à concevoir un important processus pour la réutilisation de son eau – chose qu’elle doit élaborer dès à présent –. Le président Emmanuel Macron a d’ailleurs appelé à la mise en place d’un « plan de sobriété sur l’eau » sur le modèle de la sobriété énergétique : un message ô combien important lorsqu’on repense à la sécheresse connue lors de l’été 2022.
Une sécheresse aussi inquiétante que celle-ci nous pousse à revoir notre consommation en eau dans un monde de plus en plus confronté au dérèglement climatique. Le climat de la France, comme le climat des autres pays, est en train de changer considérablement et il est de notre devoir de trouver des solutions pour faire adopter une consommation plus durable en eau.
Amel Saoud
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