« Mettre au vert » les évènements sportifs internationaux : entre hypocrisie et réelles actions
- oikosreimsneoma
- 10 avr. 2023
- 3 min de lecture
Malgré les nombreuses tentatives de greenwashing lors des récents événements sportifs - rappelons l’empreinte carbone neutre estimée par les Qataris pour leur Coupe du Monde ou la promesse du Comité International Olympique que les JO 2022 seront les plus écologiques de l'histoire - personne n’est dupe quant aux réels chiffres de l’impact environnemental de ces échéances internationales. Entre une empreinte carbone située autour de 7 millions de Tco2e pour l’un et l’utilisation de neige artificielle – et donc de millions de litres d’eau - pour l’autre, beaucoup doutent de la postérité de ces compétitions historiques tant elles semblent paraître une aberration écologique pour certains couplée à un certain gâchis de moyens pour d’autres. Peut-on tenter de changer ce paradigme ?
L’argument du gâchis de moyens prend sa source des différentes structures construites initialement et quasi exclusivement pour la compétition qui, ainsi, finissent par être tout bonnement inutiles une fois l’événement arrivé à son terme. A ce titre, on peut citer les sites des JO de Pékin ou d’Athènes devenus des villages fantômes malgré l’investissement de plusieurs milliards de dollars (respectivement 44 et 11 milliards environ) pour les mettre sur pied, ayant été entre autres, pour ces derniers l’une des causes de la crise économique qui frappa et frappe encore la Grèce, signe de la mauvaise gestion de l’argent public en république hellénique.
Une voie de progression pour rendre ces évènements plus éco-responsables serait d’arrêter de les organiser dans des pays inadaptés et/ou pas préparés à la base à accueillir un tel évènement. Comment penser décemment que le Qatar, terre désertique où l’intérêt pour le football est certes croissant mais clairement faible en l’état, soit le pays idéal pour organiser la Coupe du Monde ? Pourquoi organiser des JO d’Hiver à Pékin s’il n’y a pas de neige sur les montagnes ? Autant d’interrogations auxquelles les pressions lobbyistes de soft power sont les réponses.
Par quels procédés éviter la perte de moyens ? Les JO 2012 de Londres sont le parfait exemple de la marche à suivre. Des suites des Jeux, le parc olympique situé à Stratford, quartier pauvre de l’Est de Londres, a été converti en une véritable nouvelle zone urbaine de la ville de Londres et les enceintes sportives, en plus de servir à la population londonienne devraient être utilisés par une future université sportive se servant alors d’enceintes de qualité olympique. Enfin, certaines structures comme l’Arena ayant servi pour les matchs de basket avait été prévue pour être démontée après la compétition et le Stade Olympique de Londres accueille depuis une décennie les matchs du club de football est-londonien de West Ham. Par ces actions ayant coûté autour de 400 millions de livres, Londres est en train de redynamiser tout un pan de sa ville sur les bases des Jeux, donnant alors réellement un sens à l’investissement alors consenti il y a 11 ans de cela.
Comment voir l’avenir du sport international ? Il paraît impossible à ce jour que l’objectif écologique soit plus important que la recherche de rentabilité au moment des compétitions internationales. Reste alors à observer ce que les JO de Paris l’année prochaine auront à proposer. Visant « la sobriété, l’efficacité et l’innovation », Paris 2024 semble être conscient de l’ampleur de la tâche qui lui incombe et déjà plus apte que ses prédécesseurs grecs ou brésiliens quant à l’utilisation des structures sportives, 95% des sites seront soit temporaires soit existent déjà, dénotant avec les projets de travaux pharaoniques auxquels on pourrait songer à l’approche d’une telle compétition. Reste à voir dans quelques années si Paris 2024, dans la lignée de Londres 2012, saura faire prendre un tournant plus vert dans l’organisation d’évènements sportifs internationaux.
Arthur Lê
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