Le développement durable: entre volontés et difficultés
- oikosreimsneoma
- 20 févr. 2023
- 4 min de lecture
La COP 27 s’est terminée le 20 novembre 2022 avec un certain sentiment d’inachevé, les accords en résultant étant jugés trop timides par rapport aux engagements pris lors de la COP 21 à Paris. Ces conférences sur le climat interrogent les pays sur leur capacité à faire face aux défis environnementaux actuels: en bref, proposer des solutions pour le développement durable. Le développement durable se définit comme la préservation de l’environnement naturel, économique et social pour le bien-être des générations futures. Il repose sur trois piliers qui doivent être constamment respectés : chaque décision doit avoir un impact social, environnemental et économique positif. Le développement durable est de plus en plus évoqué sur la scène internationale. Tandis que certains acteurs disposent des ressources suffisantes mais ne font pas du développement durable une priorité politique, d’autres ne parviennent pas à introduire de nouvelles politiques faute de moyens alors que les ambitions sont bien présentes. Où en est le développement durable aujourd’hui ? Pourquoi est-il si difficile à mettre en place ?
Le concept de développement durable naît d’une inquiétude des excès de l’économie mondiale sur l’environnement dès la fin des années 1960. Le rapport Meadows de 1972 est le premier à alerter sur la surconsommation des énergies fossiles et prévoit la fin du pétrole pour 1992 et du gaz en 1994. Dans ce contexte, les sommets internationaux se multiplient et c’est en 1995 qu’est inaugurée la première COP à Berlin. Depuis, 26 COP se sont succédées et trois accords majeurs ont été trouvés en 1997 à Kyoto, en 2009 à Copenhague et en 2015 à Paris. Le plus retentissant est l’accord de Paris lors de la COP 21 qui prévoit la création d’un Fonds vert pour le climat qui aide les pays du Sud dans leur transition écologique à hauteur de 100 milliards d’euros par an et la limitation du réchauffement climatique à 2°C d’ici 2100. Pourtant, bien que cet accord soit historique, il manquerait d’ambitions selon J-F Julliard : “dans cet accord, il n’y a rien de contraignant : il n’y a pas de sanction, donc les Etats font ce qu’ils veulent” admet-il. De plus, le fait que Donald Trump ait retiré les Etats-Unis de l’accord montre un certain laxisme sur la question environnementale. Comment expliquer ceci ? La crise climatique touche différemment les pays du monde, les pays disposant d’un important PIB sont souvent ceux qui émettent le plus de gaz à effet de serre : La Chine, les Etats-Unis et l’Union européenne sont les plus gros pollueurs de la planète mais ne sont pas exempts des conséquences climatiques sur leurs sols (vagues de chaleur en Europe, catastrophes climatiques aux Etats-Unis, avancée inquiétante du désert en Chine).
Bien que faisant face au réchauffement climatique, les pays les plus pollueurs n’ont pas forcément intérêt à changer leurs actions puisque leur économie dépend des énergies fossiles : arrêter la fracturation hydraulique et la production de pétrole aux Etats-Unis les obligerait à importer ces énergies ce qui accroîtrait leur dépendance aux autres pays producteurs, principalement situés dans le Golfe persique. Verdir une économie qui repose beaucoup sur les énergies fossiles nécessite de coûteux investissements. L’engagement des Etats-Unis en matière de développement durable est moins important qu’en Chine et en Europe. En effet, la Chine veut devenir un des leaders de la production d’énergie renouvelable mondiale par la construction de gigantesques parcs éoliens et solaires et l’augmentation de la production d’électricité par le nucléaire. La Chine souhaite que 35% de son mix énergétique soit composé d’énergies renouvelables d’ici 2030. De son côté, l’Union européenne se veut être une locomotive dans le domaine environnemental. Pour clarifier ses ambitions, elle a adopté le pacte vert pour l’Europe en 2019 qui prévoit la neutralité carbone d’ici 2050. Néanmoins, dans les faits, il n’y a aucune politique commune de l’énergie en Europe : chaque pays est plus ou moins dépendant de l’extérieur pour ses approvisionnements. Avec la guerre en Ukraine, l’arrêt des gazoducs russes à destination de l’Europe contraint l’Allemagne et la France, les deux principales économies de l’Union européenne, à relancer la production dans les centrales à charbon, ce qui va à reculons des objectifs environnementaux fixés par l’Union.
Le développement durable n’est pas qu’une question que se posent les pays les plus riches. Certains pays du Sud, préoccupés par l’urgence climatique, décident d’agir : c’est le cas du Maroc qui souhaite augmenter la part d’énergies renouvelables à 52% de son mix énergétique d’ici 2030. D’après cette carte, le Maroc fait partie des rares pays africains à montrer ses ambitions environnementales. Cela n’est pas illogique puisque une bonne partie des autres pays d’Afrique émettent peu de CO2 et doivent s’occuper de leurs problèmes sociaux et économiques. En Amérique latine, les pays sont plus sensibles à l’environnement du fait de la présence de l’Amazonie, en particulier au Brésil. En Asie, les pays ne semblent pas se préoccuper particulièrement de l’environnement, alors que les catastrophes climatiques se multiplient : par exemple, le Bangladesh est menacé par une importante montée des eaux qui causera une importante vague migratoire dans les années à venir. Si les pays du Sud ne sont pas les plus impliqués dans la réduction de leurs émissions de CO2, c’est parce qu’ils émettent très peu : l’Afrique ne représente que 3% des émissions mondiales, l’Amérique latine 4%. Cependant, ces pays sont les plus durement touchés par le réchauffement climatique, c’est pourquoi leur voix est essentielle dans les négociations internationales.
Ainsi, le sujet du développement durable est évoqué annuellement par le biais des COP, témoins de l’action mondiale pour lutter contre le réchauffement climatique. Les pays les plus pollueurs ne sont pas désintéressés par l’environnement, certains sont ambitieux mais le contexte économique mondial rend difficile l’application des politiques environnementales. Enfin, les pays du Sud émettent le moins de CO2 mais participent activement aux négociations internationales et demandent souvent beaucoup de fonds. En 2015, les Nations Unies ont adopté 17 Objectifs de Développement Durable pour 2030 couvrant les trois piliers. Les défis climatiques ne sont donc pas laissés de côté : ils soulèvent de nombreuses questions auxquelles la communauté internationale tente de répondre.
Louis Smesman
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