La viande en question
- oikosreimsneoma
- 24 févr. 2022
- 4 min de lecture
La viande fait partie des sujets les plus clivants.
Savoureuse, riche en nutriments et nourrissante, elle provoque aussi des ravages sur le plan
écologique. Souvent qualifiée d'irremplaçable, surtout lorsqu'il est question de nos plats bien
franchouillards, il ne sera pas question ici d'en interdire l'ingestion mais d'en apprendre un peu plus sur sa production. Le sujet est bien trop vaste pour être balayé en entier, aussi cet article se concentrera sur deux des pollutions les plus importantes : les gaz à effet de serre et l'eau
Aujourd'hui, oikos Reims vous invite donc à démystifier cette grande compagne du patrimoine culinaire francais : la viande !
Ca ne dégaze pas
13,53%. C'est la part de responsabilité de l'industrie de la viande et de la pêche dans l'émission des gaz à effet de serre. Comparons ce chiffre à celui de l'industrie des transports, qui participerait pour 16,2% des émissions, à l'échelle mondiale. Mais d'où viennent ces gaz ?
Pour la plupart, des élevages (près du tiers des émissions de l'industrie alimentaire) et de
l'exploitation des terres utilisées pour accueillir ou nourrir ces derniers (22%).On aura raison
de penser à la production massive de méthane et d'azote au sein des élevages, les fameux « pets de vache »>, mais on aurait tort d'en rire : il s'agit bien là d'un problème majeur, et auquel il n'existe pas de solution évidente si ce n'est l'interdiction de l'élevage intensif.
Quant à l'exploitation des terres, il faut songer aux millions d'hectares transformés pour
s'adapter à notre production de céréales, en partie utilisée pour nourrir nos élevages, et celles
utilisées pour accueillir ces derniers. Les forêts sont sous les feux des projecteurs : véritables
éponges à dioxyde de carbone, leur destruction implique non seulement une moindre absorption des émissions mais également le relâchement de tous les gaz emmagasinés dans l'atmosphère.
Les méthodes de transformation sont elles aussi à considérer, comme la tristement célèbre culture sur brûlis. Très populaire en Afrique, dans le Pacifique ou en Amazonie, la production
de CO2 dégagée par les brûlis, la rapide perte en fertilité des terres exploitées (et donc la
fréquente nécessité de renouveler le brûlis sur d'autres parties boisées) et les feux non contrôlés en font un désastre environnemental. Enfin, la mécanisation de l'agriculture a elle aussi son impact, bien que limité.
On se mouille
Quand on pense steak haché, on ne songe pas nécessairement eau. Et pourtant... Selon l'Inra
(Institut national de recherche agronomique), entre 500 et 700 litres d'eau sont utilisés pour
produire 1kg de bœuf.? Mais ces chiffres ne prennent pas en compte la pollution aquatique
générée par l'élevage : les déjections animales, utilisées comme engrais ou considérées comme déchets, surchargent les sols de nitrates qui, à leur tour, infiltrent les nappes phréatiques, les lacs, les mers et bousculent leur équilibre chimique. Ces nitrates favorisent, entre autres, la prolifération d'algues vertes (eutrophisation) - songeons au phénomène des « marées vertes » en Bretagne - qui étouffent littéralement les côtes en absorbant l'oxygène de l'eau. Des antibiotiques, des métaux lourds accompagnent bien souvent ces nitrates, et cette pollution agit sur la faune et la flore aquatique. En France, en 2012, 55% des surfaces agricoles ont été classées vulnérables au nitrate. 55% des surfaces agricoles, c'est 46% du territoire métropolitain. La pollution au nitrate ne concerne pas que les lointaines côtes bretonnes mais bien l'ensemble de notre pays.
Alors que faire ?
Nous savons ce qu'il faudrait faire: réduire notre consommation de viande et mieux
consommer. Il ne s'agira pas ici de radoter.
Nous n'avons qu'effleuré deux conséquences de l'élevage sur l'environnement. Deux parmi
tant d'autres. Cet article s'est volontairement écarté de la question du bien-être animal ou
humain.3 Il est trop court, et les sources sont trop peu nombreuses, les discours s'entrecroisent trop pour explorer avec sérieux l'impact de la viande sur la santé et les injustices sociales qui en zèbrent sa consommation.
Il n'a pas pour vocation de nous rendre végétariens. Il est ici pour nous apprendre quelques
chiffres, et nous obliger à nous poser des questions. Et c'est là que tout le travail s'effectue.
Peu à peu, nous prenons conscience de l'étendue de notre impact sur notre environnement. Plus notre savoir sur la question s'accumule, plus notre responsabilité s'alourdit. Trop longtemps nous nous sommes laissés vivre sans interroger nos choix en tant qu'espèce. A présent, chaque acquis de notre quotidien doit être passé au crible afin d'en comprendre pleinement les conséquences. C'est un travail sans fin, et qui n'est pas de tout repos. Mais c'est absolument nécessaire. Il faut nous confronter à nous-même, à nos actions, à leurs répercussions : c'est en nous posant des questions que nous pouvons espérer trouver, à notre échelle, des réponses qui nous conviennent.
Acheter une côte de porc, manger un steak de bœuf en pleine conscience, c'est garder ces informations en tête. Pas dans le but de se sentir coupable, mais dans celui de comprendre et d'agir. Alors posons-nous des questions : que représente ce morceau de viande dans nos assiettes?
1 La FAO (Food and Agriculture Organization), en 2013, estimait ce chiffre à 14,5% pour l'élevage de bétail, mais nous nous appuierons sur la première estimation pour rester dans une fourchette basse.
2 viande info a publié un tableau comparatif de la consommation d'eau par production animale et vegetale
https://www.viande.info/elevage-viande-ressources-eau-pollution#biblio
3 L'excellente série de podcast Les paradoxes de la viande (2019, France Culture) a réussi cerner, ou du moins à souligner les subtilités de nos rapports à la mort animale. Un Éternel Treblinka de Charles Petterson propose un parallèle troublant entre la mécanisation de l'abattage animal et la Shoah. La chaîne YouTube MagiCkJack
Production propose gratuitement ses créations audiovisuelles centrées sur le spécisme (courts-métrages, films independants...leur travail est excellent et Dermet de se renseianer de Tacon ludique etamusante. sur un suer qui l'est beaucoup moins. N'hesitez pas à explorer par vous-meme.
Sources:
La viande a aussi un impact majeur sur la planète (Le Monde), Gary Dagorn (https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/29/la-viande-a-aussi-un-impact-majeur-sur-la-planete_4799570_4355770.html)
Food production is responsible for one-quarter of the world's greenhouse gas emissions (Our World in Data),
Hannah Ritchie (https://ourworldindata.org/food-ghg-emissions)
Sector by sector: where do global greenhouse gas emissions come from? (Our World in Data), Hannah Ritchie(https://ourworldindata.org/ghg-emissions-by-sector)
La déforestation génère chaque année 2Gt de carbone (Futura Planète) (https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/terre-deforestation-genere-chaque-annee-2-gt-carbone-7782/)
Déforestation : qu'est-ce que la culture sur brûlis, cette technique responsable de milliers d'incendies ? (SciencePost), Yohan Demeure (https://sciencepost.fr/deforestation-quest-ce-que-la-culture-sur-brulis-cattp-techniqup-responsablp-de-milliers-dincendies/)
Faut-il 15 000 litres d'eau pour produire 1 kg de viande ? (Campagnes et Environnement)(https://campagnesetenvironnement.fr/vraifaux/il-faut-15-000-litres-deau-pour-produire-1-kg-de-viande/)
L'impact de la viande sur les humains, les animaux et l'environnement, aaspillage et pollution de l'eau (Viande.info) (https://www.viande.info/elevage-viande-ressources-eau-pollution#biblio)
Pratiques agricoles et nitrates dans les milieux aquatiques (Eau France) (https://www.eaufrance.fr/sites/default/files/2018-06/nitrates_agriculture%20_2010-2011_201412.pdf)
Pollution from industrialized livestock production, FAO, (http://www.fao.org/3/a0261e/a0261e.pdf)
Kommentare