top of page
Rechercher

La chasse :Une action d'intérêt général ?

Par Selma Mokobodzki



La chasse est souvent un sujet de débat, et peut-être encore plus récemment puisque ce 13 janvier, des vidéos de chasseurs à courre pénétrant dans la ville de Chantilly avec plusieurs chiens, chevaux et un cerf épuisé ont largement circulé, une scène similaire s'est produite 5 jours plus tard près de Dieppe. Les débats ont alors repris de plus belles : Faut-il interdire la chasse ? Seulement les véneries ? Face aux défenseurs des animaux. les chasseurs ont mis en avant l argument suivant: la chasse est une action d'interet general, les chasseurs sont des protecteurs de la nature.


Rappelons quelques chiffres clés :


• La chasse ce sont 30 millions d'animaux chassés en France chaque année dont 1/3 issus des élevages intensifs,


• Ce sont aussi 8 000 tonnes de plomb dans la nature chaque année (métal toxique pour les sols).


• Cette pratique est responsable du déclin de certaines espèces menacées et non protégées en France comme le lapin de garenne ou le putois d'Europe. On compte aussi 64 espèces d'oiseaux chassables en France parmi lesquels, 20 sont considérées comme étant en voie de disparition.


• La chasse fait en moyenne 15 morts et 140 blessées par an (selon les chiffres des

10 dernières années en France).


• Pour finir, selon la LPO (la lique pour la protection des oiseaux), la régulation des animaux ne concerne en réalité que 5% des animaux chassés.


Avant les années 1990, on ne prononçait pas aussi souvent les mots : « environnement » et « développement durable ». Ainsi, pour redorer l'image des chasseurs, on met en place un permis de chasser, un examen pratique et théorique avec des tests de connaissance du milieu naturel : on réglemente la chasse. Jusqu'alors, la pratique était considérée comme un « acte de cueillette sur la nature » Un changement de politique a lieu pour sensibiliser au développement de la biodiversité, encadrer la chasse et les périodes de chasse et surtout pour informer le grand public que le chasseur est un connaisseur de la nature qui sait ce qu'il fait. Désormais, pour chasser, il faut s'assurer de la pérennité des espèces et de leur devenir. Le permis de chasser devient donc une preuve de la bonne volonté des chasseurs mais aussi peut-être une justification des possibles abus, se transformant ainsi en « permis de tuer ». En effet, les chasseurs sont souvent caractérisés par un rapport fort au territoire, ils ont ainsi tendance à se l'approprier et à rejeter les autres, il arrive à certains d'avoir des comportements agressifs. Cela se ressent particulièrement dans la chasse à courre, où les chasseurs sont rapidement grisés par les courses et l'énergie du groupe. Cette tradition avait disparu dans beaucoup de régions mais depuis la réintroduction du cerf dans certaines forêts, elle est de nouveau assez répandue.


Certaines pratiques font ainsi plus débat que d'autres, la chasse dite « à la glu » n'est censée viser que les grives et les merles noirs, mais en réalité tous les oiseaux peuvent être pris dans le piège et même s'ils sont relâchés, ces oiseaux ont très peu de chance de survie puisqu'ils souffrent ensuite de graves blessures. Cette chasse n'est ni sélective ni contrôlée. La commission européenne a même dû ouvrir une procédure d'infraction contre la France pour non-respect de la directive Oiseau.


Les chasseurs doivent donc prendre conscience que l'effondrement de la biodiversité est un fait majeur qui ne peut plus être ignoré et agir dans le sens des naturalistes qu'ils se prétendent être. Cela demande donc de respecter les directives européennes. Il faut tout de même souligner que les exemples où des chasseurs accomplissent de bonnes actions ne manquent pas : en Essonnes, des chasseurs ont sauvé 20 lièvres surpris par la crue des eaux. On sait aussi que certains chasseurs collaborent avec des associations de protection de la nature notamment pour définir des périodes de chasses, ces collaborations sont donc à accentuer pour mettre au point une chasse viable qui prend enfin en compte le déclin de la biodiversité. On pourrait aussi attendre des chasseurs qu'ils prennent positions et condamnent les débordements comme les violations de propriétés, les agressions, les menaces ou encore les intimidations.


Sources : L214; les émissions de France Culture suivantes :


• « Le permis de chasse »


• « La revanche du cerf »


• « Les chasseurs et la fermière »


• « L'ouverture de la chasse »


• « Qui sont les chasseurs »


• « Les chasseurs, pièce maîtresse de la stratégie présidentielle de conquête du monde rural ».







 
 
 

Posts récents

Voir tout
Nauru ou la tragédie du Pacifique

Qui d’entre nous peut se targuer de connaître - ne serait-ce que de nom - ce pays insulaire qu’est Nauru ? Situé dans l’ouest de...

 
 
 

Comments


bottom of page