L'Art au service de la Terre
- oikosreimsneoma
- 25 sept. 2023
- 3 min de lecture
Un célèbre singe rejetant un baril de pétrole comme pour débarrasser l’homme du fléau qui le consumera : le Wild King Oil (cette création de l’artiste Richard Orlinksi) est une œuvre que l’on pourrait classer dans ce mouvement artistique qui s’engage en faveur du développement durable. Eveiller une conscience environnementale à travers l’art : ce dernier se met alors au service de la Terre.
La connexion entre les hommes et la nature est une thématique ancienne des œuvres picturales. Parmi les artistes qui ont su mettre en avant ce lien, nous pouvons citer Caspar David Friedrich au XIXe siècle avec ses paysages contemplatifs ou encore John Constable avec ses peintures de la campagne anglaise. Le fil liant l’humanité à son environnement à travers l’art a longtemps été exploité de façon passive, sans réelle portée politique. Cependant, le monde étant aujourd’hui confronté au dérèglement climatique : l’art ne peut-il pas se faire défenseur de la cause environnementale ?
L’art doit-il servir une cause ? Le débat a pu se renouveler au fil des générations mais il convient de noter que certaines œuvres ont eu une portée politique importante. La photographie de La petite fille au napalm capturée par Nick Ut a par exemple permis de dénoncer la guerre du Vietnam, démontrant ainsi que l’art pouvait être un outil de changement social. La quête de l’éveil d’une conscience écologique s’inscrit à travers le film Before the flood où Leonardo Di Caprio tente de décrire de façon captivante comment il est possible de s’engager en faveur de la cause environnementale afin d’éviter l’extinction de certaines espèces et la disparition d’écosystèmes. L’œuvre met en lumière l’aggravation de la crise climatique à travers des images de paysages du Groenland ou encore de l’Indonésie soumis à des dégâts irréversibles. Cette dernière est dévoilée avant l’élection présidentielle de 2016 dans le but d’éveiller une conscience environnementale au moment du vote, mais celui-ci se conclut par l’élection de Donald Trump qui sortira plus tard des accords de Paris sur le climat.
En plus d’avoir la capacité de changer les mentalités, l’art est également un terrain d’innovation en la matière. Lors de la tournée internationale Music of the Spheres Tour, le groupe de musique Coldplay s’est engagé à réduire son impact écologique en mettant en place un plancher cinétique, des vélos électriques et des panneaux solaires dans le but d’alimenter les stades à partir d’énergies renouvelables. Cet exemple démontre que l’art en lui-même possède sa propre empreinte environnementale – une empreinte d’autant plus importante avec le développement des intelligences artificielles artistiques –. En effet, ces technologies font appel aux deep learning qui sont très gourmands en énergie. Les cycles de vie des équipements permettant de faire fonctionner ces IA sont aussi à prendre en compte. Les IA centrées sur l’art sont également soumises à une obsolescence rapide qui suscite un remplacement fréquent et potentiellement une augmentation de la production du matériel. Par ailleurs, en dehors de l’impact des technologies qui se mêlent de plus en plus aujourd’hui au milieu artistique, il est nécessaire de prendre en considération la commercialisation excessive de certaines œuvres reproduites en série.
Plus globalement, l’art peut-être une forme de Soft Power pour la cause environnementale. Une approche positive permettant de changer les mentalités comme le font les ouvrages de Yann-Arthus Bertrand. Ces livres de photographies (notamment La Terre vue du ciel) participent à élaborer un point de vue positif du développement durable parmi nos populations. L’Art a la capacité d’influencer les attitudes, les perceptions et les comportements des êtres humains. S’il doit être accompagné de politiques pour mener à bien nos transitions vertes, il est aussi dans la possibilité de susciter l’émotion et l’empathie au sein de la société civile et donc d’éveiller une conscience environnementale.
Audrey Pouget
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