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L'acidification des océans, enjeu du changement climatique

Le réchauffement climatique soulève une longue liste de questionnements : la production d’énergie verte ou la modification de nos habitudes de consommation en sont deux exemples. Conséquence du réchauffement climatique, l’acidification des océans est un sujet peu abordé et pourtant essentiel pour comprendre comment la planète s’alimente en oxygène et élimine les émissions de carbone.


Tout d’abord, les océans ont un système inverse au corps humain : ils absorbent du CO2 et rejettent de l’oxygène. L’oxygène produit par les océans est clé dans le bon fonctionnement des écosystèmes de notre planète. Selon l’AIEA (l’Agence Internationale de l’énergie atomique), au-delà de fournir de l’oxygène, les océans permettent de faire vivre plus de trois milliards de personnes, notamment grâce à la biodiversité marine et côtière nourrissant les populations proches et du fait dépendantes des écosystèmes marins. Au total, c’est 30% des émissions de CO2 et 93 % des excès de chaleur dus aux activités humaines qui est absorbé par les océans. En d’autres termes, si les océans ne capturaient pas le CO2, notre planète se serait davantage réchauffée. Au cours des XIXème, XXème et XXIème siècles, les différentes révolutions industrielles ont engendré des conséquences climatiques importantes visibles depuis la fin du XXème siècle. Ainsi, les activités humaines sont responsables de l’acidification des océans à cause du rejet de substances chimiques en grande quantité dans les océans. Depuis 30 ans, une hausse de 95% de l’acidité des océans en surface a été mesurée (AIEA), entraînant de multiples catastrophes. Dans un premier temps, l’absorption de CO2 par les océans réduit le pH de l’eau de mer : il était de 8,2 avant la 1ère révolution industrielle, il sera de 7,8 en 2100 selon le GIEC. Dans un second temps, 50 % de la biodiversité marine est directement impactée par cette baisse du pH, rendant leurs organismes beaucoup plus fragiles. Enfin, les populations dépendantes des milieux marins (c’est-à-dire trois milliards de personnes) vont à l’avenir rencontrer davantage de difficultés pour vivre puisque la nourriture sera moins abondante et le niveau des océans sera relevé.


Problème majeur du réchauffement climatique, l’acidification des océans nécessite une réponse internationale commune. Dans ce contexte, les accords de Paris sur le climat de 2015 souhaitaient limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici 2100 et il est certain que faire baisser les émissions de gaz à effet de serre permettra aux océans de « mieux respirer » tout en plafonnant la température des océans. Cependant, la baisse du pH des océans étant un dommage collatéral du réchauffement climatique, aucun accord précis sur cette cause n’a jamais été signé par la communauté internationale alors qu’il y a une véritable menace pour plus d’un tiers de l’humanité. De ce fait, les initiatives pour limiter l’acidification des océans restent locales et privées.


Pour faire face au réchauffement climatique, plusieurs projets à base de plantations d’algues ont été élaborés. D’ici 2024, le Maroc disposera de la plus importante ferme d’algues mondiale, contenant 30 hectares d’algues plantées par la société britannique Brillant Planet. Ces algues seront cultivées en utilisant des eaux inaccessibles, ne compromettant pas la vie des populations locales. Selon la start-up britannique, la ferme d’algue sera capable d’absorber trente fois plus de CO2 que les forêts tropicales et permettra de ramener l’acidité de l’eau à un niveau équivalent à celui datant d’avant la 1ère révolution industrielle. Cependant, le projet nécessite un investissement de 12 millions d’euros, une somme colossale pour une start-up. Justement, une autre entreprise disposant de davantage de fonds s’est aussi engagée dans une initiative similaire : Amazon a annoncé l’investissement d’1,5 million d’euros dans le projet de ferme d’algues North Sea Farm 1, situé au milieu d’un parc éolien offshore en mer du Nord. La ferme de dix hectares et 6000 kg d’algues devrait voir le jour au printemps 2024. Enfin, l’entreprise française CarbonWorks s’est également positionnée sur un outil de capture de CO2 à base de micro-algues pour les industries. Alimentées par le CO2 rejeté par l’industrie, les micro-algues vont libérer des molécules permettant par la suite de créer des produits pour l’agroalimentaire, comme des fongicides. La jeune entreprise française, fondée en 2021, a dû aussi lever 11 millions d’euros pour ce projet mis en service en 2023.


Ainsi, l’acidification des océans est un enjeu majeur du réchauffement climatique. Des milliards de personnes sont impactées par ce phénomène et pourrait tuer aussi bien les êtres humains que la faune marine. Si aucune mesure internationale n’a été prise à présent, des projets locaux aux investissements importants mais efficaces sont mis en place, ce qui est de bon augure pour la cause climatique.


Louis Smesman

 
 
 

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